La première question qui m’est généralement posée est la suivante : quelle est la différence entre un.e psychologue, un.e psychiatre, un.e psychanalyste ?

On croirait presque au début d’une blague.

Commençons par regarder du côté de la formation.

Les formations pour devenir psychologue, psychiatre ou psychanalyste sont très différentes.

Un.e psychologue se forme à l’université, il/elle est titulaire d’un master en psychologie.

Un.e psychiatre se forme également à la fac, il/elle est titulaire d’un diplôme d’état de docteur en médecine, il/elle est habilité à prescrire des médicaments.

Un.e psychanalyste se forme en effectuant une analyse personnelle durant de nombreuses années. Il/elle explore sa propre psyché, son histoire, ses conflits. Il/elle se forme à la théorie en rejoignant une association de psychanalyse, et/ou en autonomie, et/ou avec d’autres psychanalystes.

Qu’est-ce que cela implique ?

La psychanalyse a ceci de spécifique que, contrairement à la psychologie ou la psychiatrie qui partent de la théorie, elle part de l’individu, de son vécu. La psychanalyse ne part pas de généralisations qui permettraient de catégoriser très clairement les mouvements psychiques et les personnes qui en sont traversées, quand bien même cela serait vraiment possible, ce qui est bien loin d’être le cas, elle part du singulier pour rejoindre l’universel, et ne cesse de faire dialoguer les deux.

Bien sûr, quand on souhaite devenir analyste, on étudie la théorie analytique, et on regarde aussi du côté de la psychologie et de la psychiatrie pour comparer les approches. Mais cette formation théorique ne vient que dans un second temps. De plus, tout aussi nécessaires soient-ils, les concepts restent des objets à manipuler et à prendre pour ce qu’ils sont, à savoir des pistes de réflexions, et certainement pas des vérités générales, encore moins des étiquettes à coller sur les personnes, enfants, ados ou adultes qui viennent consulter. Ce serait les enfermer et condamner leur réflexion.

En outre, il faut bien le dire, la théorie analytique est assez désagréable, voire carrément effrayante, quand on l’aborde en n’ayant jamais fait l’expérience d’une analyse personnelle. Lire des bouquins de psychanalyse quand on n’a jamais fait d’analyse, n’a pas grand intérêt, au mieux, ça donne envie de partir en courant de l’autre côté. Ce qui s’explique notamment par le fait que ces écrits sont produits par des psychanalystes pour des psychanalystes, pas pour le grand public. La théorie, quand bien même elle vient éclairer des cas pratiques, est tellement éloignée de ce qu’on vit sur le divan en tant qu’analysant, que ça ne peut que générer des idées fausses sur ce qu’est une analyse.

Commencer par la théorie en psychanalyse est une aberration. 

Bien sûr, si on passe plusieurs années en analyse, on va élaborer des raisonnements, on va théoriser, et si on désire devenir analyste, on va confronter toute cette expérience aux théories analytiques, et donc aux livres. Mais en premier lieu, on vient en analyse pour se découvrir, pour laisser émerger sa parole, pour mettre en récit son histoire, ses conflits intérieurs, ses désirs. On ne disserte pas sur le complexe d’Oedipe, l’hystérie, les psychoses, etc. On parle de soi, on se découvre, ce qui implique une certaine mise à nu, mais c’est une mise à nu de l’inconscient, de ce qui est resté caché en soi. On ne sait jamais à l’avance ce qu’on va découvrir, c’est une exploration sans cesse renouvelée de qui on est.

Aborder la psychanalyse en commençant par les livres, ne permettra jamais de faire cette expérience : partir à la découverte de soi.

Et en plus, n’ayant pas fait cette expérience, on perçoit bien moins la richesse de ce qu’ont produit Freud, Lacan, Miller, Winnicott, Ferenczi, etc. C’est froid, sans profondeur, puisque sans raisonnance aucune avec ce qu’on a vécu sur le divan, ce qu’on a mi à jour, ce qu’on a commencé à théoriser sans parfois même s’en rendre compte complètement. 

Quand je dis analyse, je parle de psychanalyse. En aucun cas je ne fais référence aux psychothérapies, car aucune, pas même les thérapies dites psychanalytiques (ce qui est un oxymore !) ne fonctionnent comme une analyse. Pour la simple et excellente raison qu’une psychanalyse n’est pas une psychothérapie.

Ah mince, bon et alors si ce n’est pas une psychothérapie, c’est quoi une psychanalyse ?

Quand une personne, enfant, ado ou adulte, vient travailler en analyse avec moi, ma priorité n’est pas de faire en sorte qu’elle aille mieux. Bien sûr c’est souhaité, évidemment, mais ce n’est pas en essayant de trouver des solutions ou un soulagement direct aux souffrances de la personne qui vient consulter qu’on y arrivera. Comme on dit dans le jargon, c’est ailleurs que ça se passe. Pour la simple et magnifique raison que c’est bel et bien autre part que là où ça fait mal, que la douleur prend racine. En analyse, il ne s’agit donc pas de poser un pansement sur une plaie, mais de chercher pourquoi il y a une plaie. Pour cela, il faut aller regarder la plaie, et non pas mettre un bout de tissu dessus. 

Si on vise un mieux être, ce qui est le cas des thérapies, alors on va travailler sur les conséquences de ce qu’une personne traverse, et non pas sur les causes, et encore moins sur sa parole à elle. Et ça convient à beaucoup de gens, tant mieux, super !

Or, si on s’occupe des conséquences, on ne permet pas à la personne qui vient consulter d’explorer pleinement le pourquoi du comment elle en est là dans sa vie. Ce qui ont besoin de trouver le sens par eux/elles-même, pourront trouver dans la psychanalyse les chemins qui les y mènent. Celles et ceux qui attendent des solutions de la part des autres, n’y trouveront pas satisfaction.

Ce qui est le plus urgent, en analyse, c’est que la personne qui est en demande (et la question de la demande est extrêmement importante, j’y reviendrai) puisse parler d’elle. Ce qui est visé c’est une levée des interdits de parole, pour que tout ce que l’analysant.e a à dire puisse être dit, sans jugements de ma part bien évidemment, mais surtout, peu à peu, sans jugements de sa part à elle/lui sur ce qu’elle/il a à dire. Ce qui est également visé c’est le fait que cette parole qui se libère, la sienne (ce qui ne va pas de soi car nous sommes traversé.e.s sans cesse par les paroles des autres !), puisse lui permettre de s’approprier pleinement son histoire, ses conflits, ses deuils, ses désirs, etc., pour que, petit à petit, elle prenne sa place à elle/lui, dans sa vie à elle/lui. C’est ce qu’on appelle être sujet.

Etre plus libre, être soi le plus pleinement possible, c’est ça que vise un travail psychanalytique. Or, ce n’est pas l’analyste qui a les clés pour cela, c’est l’analysant.e, celui/celle qui est en analyse qui les a. En tant qu’analyste, je ne sais pas pour elle/lui ce qu’il y a à dire ou à faire.

Si l’analyste ne sait pas pour l’autre, alors qu’est-ce qu’il/elle sait ?

Je suis toujours très surprise quand j’entends des psys parler de concepts en disant La dépression, Le deuil, etc., comme si c’était une entité extrêmement bien définie et stable. Comme si on pouvait ranger ces concepts dans une case bien claire.

Pour ma part, je dis, les deuils, les dépressions, etc. Ce n’est pas une question de quantité de deuils ou de dépressions vécu.e.s, c’est parce que chaque deuil, chaque dépression, chaque lien parent-enfant, chaque douleur corporelle ou psychique, etc., est unique, puisque chaque personne est singulière. Je ne sais donc ni en général, ni à l’avance, la manière dont une personne va explorer le deuil, l’abus sexuel, la dépression, la souffrance qu’elle vit. Je ne suis pas en position de savoir pour l’autre.

Bien sûr je me sers des concepts, et il y a des caractéristiques générales qui reviennent. Mais je m’en sers pour ce qu’ils sont, à savoir des outils à manipuler, à interroger, à ne pas prendre au pied de la lettre systématiquement. Je les ai dans un coin de ma tête, mais il n’est pas question de m’en servir en séance pour catégoriser une personne. Ce qui compte ce n’est pas le concept, c’est ce que vit une personne. Et cela ne rentre pas dans une case qui serait la même pour toutes et tous.

Je ne détiens pas un savoir sur l’autre. Même si une personne qui consulte vient voir quelqu’un qu’elle suppose savoir, ce qui est normal et permet d’entamer un travail. Ceci étant dit, il est fondamental de se défaire de cette idée ou bout d’un moment, sinon on reste aliéné au supposé savoir de l’autre, et on ne s’approprie pas son savoir à soi sur soi. 

Etre analyste c’est être à une place différente de l’analysant.e, c’est donc voir et entendre différemment, avec toute l’expérience de sa propre analyse et donc être beaucoup moins dupe de tout un tas de mécanismes, ce qui permet de proposer des pistes de travail.

En effet, il ne s’agit pas, pour l’analyste, de savoir ce qu’il faut faire, ni de dire à la personne qui vient consulter ce qu’elle doit faire, entreprendre, essayer afin d’aller mieux. En tant qu’analyste, je n’ai pas les réponses pour les autres. Pas plus que je ne les ai toutes pour moi-même ! Nous sommes des êtres humains, et à ce titre d’une telle complexité, qu’une vie entière d’analyse, explorée sur le divan puis dans le fauteuil, ne me permettra pas de faire le tour exhaustif de ma psyché.

Ok, bon, et donc, qu’est-ce qu’on fait en analyse alors ?

On cherche sa vérité à soi, sa parole à soi pour s’approprier sa vie et être sujet, pour être une personne plus libre.

Si on veut aller mieux/bien, et que pour cela on a besoin que toute notre vie ait du sens, passé, présent, futur, et que d’ailleurs, on accepte mal le sens imposé par les autres, qu’on a vraiment besoin de trouver du sens pour soi, alors la psychanalyse est un bon endroit pour y travailler.

Trouver un sens à ce qu’on a vécu et ce qu’on vit, aussi horrible et douloureux soit ce vécu, trouver un sens à sa vie, voilà le travail qu’on fait en psychanalyse. Je dis on car, certes, c’est un travail à deux, dans lequel l’analyste accompagne l’analysant.e, mais c’est elle/lui qui trace son propre chemin.

C’est pour cela que la psychanalyse n’est ni du soin ni une thérapie, c’est un espace de travail. En tant qu’analyste, je ne soigne personne, je propose un voyage fait de multiples et diverses explorations, et j’accompagne jusqu’au bout la personne qui se lance dans cette aventure extraordinaire qu’est la quête de sens. 

La psychanalyse telle que je m’y suis formée, la vis et l’étudie, est un espace de parole et de mise au travail de l’inconscient, et donc des méandres, des douleurs, et des conflits de chacun.e. C’est un travail unique, dans lequel s’engagent une analyste et un.e analysant.e afin que ce dernier/cette dernière puisse faire émerger une parole singulière, libérée, autant que faire ce peut, de la parole des autres. 

La psychanalyse est une quête de vérité et de liberté.

En tant que psychanalyste à haut potentiel, je me propose d’accompagner notamment les adultes, ados et enfants à haut potentiel.