Qu’est-ce qui caractérise un enseignement libre ?

Il me semble que ce sont la passion, le sérieux, l’improvisation et l’erreur.

La passion. Ca tombe sous le sens : pour être un.e « bon.ne » enseignant.e, il faut être passionné.e, non seulement par la ou les disciplines qu’on enseigne, mais également par la transmission et l’apprentissage. Or, ce sont deux choses complètement différentes, pourtant toutes deux nécessaires, mais qui sont loin d’être conjointement au rendez-vous. Pourtant, nous avons toutes/tous croisé un.e prof qui a eu le don de nous faire « sentir intelligent.es ». Les profs passionné.es nous marquent, toutes disciplines confondues, quels que soient leur styles d’enseignement. Leurs cours nous tiennent en haleine. On les attend. On les savoure. On y apprend tellement mieux. 

Le sérieux. On reproche parfois aux surdoué.es de ne pas être assez sérieux quand il s’agit d’apprendre. Quelle méprise ! Il n’y a rien de plus sérieux.se qu’une personne surdouée qui apprend… et qui enseigne, quand elle s’est donnée l’autorisation d’enseigner librement. Sérieux ne signifie pas stricte ou sévère. Il s’agit plutôt de l’application, de l’urgence avec laquelle un.e enseignant.e surdoué.e enseigne de manière libre. Les atypiques ont parfois beaucoup de mal à s’autoriser à être ce qu’ils/elles sont. Ils/elles sont parfois les premier.ères à se contraindre à rentrer dans le moule, voire à enjoindre les autres à le faire également ! S’autoriser à être soi, quand on est surdoué.e, reste un chemin… 

L’improvisation. Un enseignement libre fait nécessairement la part belle à l’improvisation : aller au plus près, à l’instant T, de là où quelque chose se passe vraiment. Toutefois, l’improvisation est mal vue. On l’associe à un manque de rigueur, d’organisation, voire à un coup de chance si ça tombe juste. Pourtant, il n’est rien de plus instinctif, de plus intelligent, que l’improvisation. Elle nous permet de suivre la trace de l’apprentissage, ce chemin qui passe par mille détours, qui nous amène loin de nos objectifs. Elle nous porte ailleurs, plus vite et mieux. Elle nous appelle là où on a besoin d’aller. Improviser, quand on enseigne, c’est s’autoriser à aller au plus près de ce dont un.e apprenant a besoin, là, tout de suite, maintenant… parce que c’est le bon moment. Et cela même si on avait prévu autre chose, un autre chemin, un autre exercice. Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi, mais de faire avec toutes les connaissances, la rigueur, la passion, l’intelligence, et donc l’intuition, pour tenter d’autres chemins, d’autres approches, aborder avec des élèves des voies inconnues qui peuvent mener très loin.

L’erreur. Enseigner, ce n’est pas avoir la certitude de ce que l’on fait, de là où on va. C’est accepter d’essayer, de tenter, de chercher, de se perdre, d’échouer, et de voir pas à pas, ce que l’on trouve. On apprend tout autant de ce qui semble être une erreur, que de ce qui semble être une réussite. Enseigner, c’est travailler sans cesse avec les erreurs, les nôtres et celles de nos élèves car elles sont la base de l’apprentissage. Enseigner, c’est avoir l’humilité de ne pas toujours avoir la bonne réponse, la bonne attitude, mais d’avoir l’intelligence de chercher. L’erreur est un des fondements bafoués de l’apprentissage et de l’enseignement. Or, c’est justement quand on est en train de « se tromper » qu’on progresse.

Dans ces quatre éléments : passion, sérieux, improvisation, erreur, on retrouve les fondamentaux des jeux d’enfants. Il n’y a rien de plus passionné.e, sérieux.se, en improvisation permanente, faisant mille fois des erreurs, qu’un.e enfant qui joue… et qui apprend.

L’enseignement, en un mot : liberté

L’enseignement devrait être un enseignement libre, non entravé. La liberté n’est pas donnée, on se l’autorise, et ça aussi, c’est un beau chemin…

Enseigner, c’est avant tout apprendre des personnes auxquelles on enseigne, c’est chercher les chemins, c’est transmettre la liberté de faire des erreurs.

Enseigner, c’est apprendre avec, ce n’est pas enseigner en face.