L’échec, l’erreur, l’un des drames magistraux des surdoué.e.s.

Généralement vu.e.s sous l’angle de la seule intelligence, on attend parfois d’eux/elles beaucoup moins d’erreurs et d’échecs. Pourtant, leur rapport à l’erreur et à l’échec peut s’avérer particulièrement douloureux et être largement incompris par les autres.

Parfait ou nul, entre les deux point de salut.

Les surdoué.e.s ont un rapport douloureux à l’erreur et à l’échec, et bien entendu, là encore, selon les personnes cela ne se traduira pas de la même manière.

C’est un peu comme s’il y avait 20/20 et 0/20, et que tout ce qui n’était pas 20/20 équivalait à 0/20. J’exagère à peine. Les surdoué.e.s sont perfectionnistes, mais pas pour tout ni tout le temps, en ce sens que quand quelque chose les passionne ou fait particulièrement sens, si ce qu’ils/elles en font n’est pas parfait ou en voie de perfection, alors c’est nul. Point barre.

Certain.e.s surdoué.e.s ne supportent pas la moindre erreur, le moindre échec, car moindre n’existe tout simplement pas. Tout est immense, donc une erreur, quelle qu’elle soit, est une immense erreur. Et ces enfants, ados et adultes, peuvent s’effondrer et vivre profondément mal une erreur qui aux yeux des autres parait être banale, peu importante, un détail en somme. Ca peut durer quelques minutes, quelques heures, quelques jours ou plus en fonction de la place que cela a dans leur vie. D’autres seront touché.e.s par leurs erreurs, mais bien plus ou bien moins en fonction de l’importance que revêt la chose pour eux/elles. Ceux/celles-là savent trier. Pour les autres tout est important.

Autre paramètre, l’éducation. Dans une famille où les adultes expriment ce qui va et ce qui ne va pas, où ils/elles s’autorisent à dire et vivre leurs joies et leurs peines, les enfants et les ados ont tendance à se sentir plus libres de dire et de vivre ce qui se passe en eux. On oublie beaucoup trop souvent que les enfants apprennent des parents et de leur famille par imitation. Et quand des parents disent qu’il faut parler et ne le font pas, ils/elles feront comme eux. De même que si les parents disent aux enfants qu’une erreur ce n’est rien, mais que eux-mêmes les vivent très mal, les enfants apprendront à vivre mal la chose sans rien dire. Peut-être qu’ils/elles le diront avec leurs maux plutôt qu’avec leurs mots, mais on aurait tort de penser que cela ne parle systématiquement que d’eux/elles.

Ceci étant dit, aucune famille, aucun parent, aucun enfant, n’est parfait, et c’est tant mieux. Il y a cependant des dysfonctionnements plus entravants et embêtants que d’autres.

Et les adultes dans tout ça ?

Et bien, tout pareil… Bien sûr grandir, ou vieillir selon le point de vue, a des avantages et parfois celui d’être un poil moins intansigeant avec soi-même, mais pas toujours. Et il n’est pas rare que les effondrements des adultes surdoué.e.s soient pathologisés par méconnaissance de l’intensité avec laquelle ces adultes-là vivent les choses. Alors quand elles/ils vivent un échec, la fin d’un rêve, une perte de sens, leur monde s’écroule. Elles/ils remettent tout en cause, de qui elles/ils sont, à ce qu’elles/ils font. L’espace d’un instant, d’un jour, d’une semaine, ou plus selon la crise qu’elles/ils traversent, leur monde s’effondre et elles/eux avec. Cela passe parfois inaperçu aux yeux des autres, ou ressemble à une profonde dépression, selon la manière dont chacun.e va vivre ce moment.

Or c’est pathologiser cela qui est très ennuyeux, pas ce qu’elles/ils traversent, car voir leurs réactions comme anormales, démesurées, « trop », c’est passer à côté de l’essentiel, c’est-à-dire de ce qui se joue en elles/eux, puisque c’est ça qu’il faut entendre et mettre au travail, pas le débordement, car là, en fin de compte, n’est pas le propos.