La douance n’est pas une pathologie, elle n’est pas à diagnostiquer, encore moins à traiter. Elle n’est pas un problème. Votre enfant n’est pas un problème. C’est un enfant pas comme les autres qui reste, comme les autres, un enfant.
Etre parent surdoué d’un enfant surdoué, qu’on le sache ou qu’on l’ignore encore, c’est la promesse de relations aussi belles qu’épuisantes. Et non, ça ne s’arrangera pas avec l’âge. Heureusement. Est-il heureux de souhaiter une relation moins forte que celle que votre enfant vous propose ? Oui, c’est éreintant parfois ou souvent, mais c’est passionnant.
Cela fait de nombreuses années que je travaille avec des enfants, ados et adultes à haut potentiel. D’abord en tant que prof, puis en tant que psychanalyste, et j’ai rencontré des dizaines de familles de surdoués, qui se savent, se devinent, ou s’ignorent.
Viennent me voir en consultation des parents perdus, déboussolés par l’intensité de leur enfant et par ce qu’il ou elle leur renvoie d’eux-mêmes au même âge ; des parents très inquiets que leur enfant vive le même désarroi, la même trajectoire douloureuse qu’eux ; des parents déstabilisés face à leurs enfants surdoués si différents dans leur manière d’être ; des parents se sentant impuissants et malheureux face aux vagues émotionnelles de leur enfant ; des parents qui m’ont demandé de l’aide pour leur enfant qui posait problème, à eux, à leur famille, aux enseignants, aux copains d’école, et à eux-mêmes.
Les parents m’appellent pour leurs enfants, pour que je fasse quelque chose, que je règle le problème. Ils ont parfois vu plusieurs psys avant moi, mais rien n’y fait. Ils sont à cran et ne savent plus quoi faire de cet enfant qui leur pose parfois tellement de difficultés. Ils tentent, en vain, de lutter contre ce comportement si atypique qui les déstabilise.
Quand un père ou une mère m’appelle pour son enfant, je propose de recevoir l’enfant et ses parents. A partir de là, quand affinité il y a, le travail se poursuit soit avec l’enfant seul, soit avec l’enfant et l’un des parents ou les deux, soit avec les parents seuls, soit avec l’un des deux parents. Ils viennent pour leur enfant, mais souvent, ils restent pour eux.
La douance n’est pas un problème, il n’y a donc pas de solution.
Etre surdoué, n’est ni une qualité ni un défaut, ni un plus ni un moins, c’est une manière d’habiter le monde, souvent très intense. En ce sens, on ne peut pas réduire la douance à un QI, un parcours scolaire ou professionnel.
Un.e enfant, un.e ado ou un.e adulte surdoué.e n’a pas un problème, ou plutôt si, il ou elle en a, comme tout le monde, mais sa manière de les vivre est atypique, déroutante parfois aussi bien pour lui ou elle-même que pour son entourage au regard de la manière dont il faudrait les vivre. Ce décalage est parfois, souvent, douloureux, mais pas toujours, pas tout le temps.
Etre surdoué.e., implique d’être souvent en décalage avec les autres. Pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ce n’est pas ce qui est le plus difficile à vivre.
En effet, il s’agit sûrement avant tout de découvrir comment ne pas être en décalage avec soi-même, comment être qui l’on est à mille pour cent.
Quand un enfant, ado, adulte à haut potentiel vient au cabinet, ce n’est pas une solution que je lui propose, je n’en ai pas. Je lui propose un voyage, une exploration pour aller au plus près de qui il ou elle est, quel que soit l’âge. Et le chemin que je propose d’emprunter est celui de la psychanalyse.